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Thread started 04/28/04 5:44pm

larrylafunk

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Musicology on Jazz Magazine site (french)

Musicology, Jazz?
Musicology, Tangentiel!

http://jazzmagazine.com/M...l25bis.htm
(long stroke)

Frédéric GOATY's mass media attack! U can also check the May issues of: Jazz Magazine (paper edition), Nova Magazine and Recording Musicien
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Reply #1 posted 04/28/04 11:35pm

ben

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original text... (but if you read French, check out the site, it's got extra formatting, pics, etc.)

Prince : L’AIR D’ÊTRE AIMÉ
Par Frédéric Goaty

L’inquiétant XXIe siècle a commencé depuis trois ans et “The Artist” a définitivement (?) cédé sa place à Prince. Rien n’a changé : qu’importe l’identité, le génie de Minneapolis, bientôt 46 ans, continue d’enchaîner disques plus ou moins osés et tournées plus ou moins marathon. Seulement, à la confusion éditoriale et à l’indifférence quasi générale des “grands” médias ayant marqué les années 90 – durant lesquelles il n’a pourtant cessé d’enrichir sa discographie élastique – a succédé depuis peu un net regain d’intérêt, aussi bien médiatique que public ; ajouté à une volonté évidente, de la part de Prince lui-même, d’être à nouveau accessible, proche, audible, en bref aimé du plus grand nombre. Sans rien renier, évidemment, de son passé musical ni de ses principes “libertaires” – musicalement s’entend…

“The Rainbow Children”, déjà, annonçait cette embellie : dans cet album-manifeste, Prince, en preacher new age, renouait une sorte de dialogue – un peu confus – avec un auditoire plus large que ceux de son NPG Music Club officiel et de ses divers avatars “pirates”, un rien névrotiques parfois, souvent méchamment aimant et/ou gentiment haïssant – pas de panique, rengainez vos pistolets : à Remix Tangentiel on ne méprise personne, votre serviteur est “member” officiel, hyperfan certifié [Grandes batailles ? New Morning 87, Bataclan 99 et 02, Bercy 87, 88, 92, 93, Zénith 98, 02… Discologie perso ? 12”, 7” et autres collectors par dizaines – Sexy Dancer ! Gotta Stop Messin’ About ! The Pope… –, tous les cd-singles depuis “Lovesexy”, moult cd promos et pailseyparkeries laser dans la musette...] et rend régulièrement visite à www.prince.org, www.schkopi.com, www.calhoun-square.fr.st ou www.housequake.org, sans penser une seule seconde qu’il n’a rien à voir avec ceux qui y chattent passionnément-férocement mais, bien au contraire, en se disant que ces gens qui aiment vraiment Prince sont décidément aussi intarissables que lui… [Note du cyber-correcteur – Goaty, vous n’avez pas bientôt fini de parler de vous à la troisième personne ?!] Oui, c’est vrai, revenons à notre sujet : sa majesté Prince qui, a priori, sent poindre de plus en plus précisément dans son subconscient un “redevenir-star” bien compréhensible. Quand on a vu le sommet, reste toujours en soi l’envie de s’y retrouver – « My name is Prince/I don’t wanna be king/Cuz I’ve seen the top and it’s just a dream ». Un « rêve » ? Peut-être, mais la réalité – il a beau s’en défendre dans le dernier numéro d’Entertainment Weekly – est que Prince souhaite visiblement goûter encore un peu (beaucoup ? passionnément ? à la folie ?) à l’ivresse des cimes. Quelles cimes ? Celles des hit-parades du monde entier bien sûr, via un album déjà controversé par les franges fan(atique)s. Et puis, Prince oblige – qui a toujours été avant toute chose un MUSICIEN –, pas de vraie ivresse sans tournée générale (grandes salles, presque-nouveau groupe et vieux hits soi-disant – on n’en croit pas un mot ! – interprétés pour la dernière fois), coast to coast au pays de George W. Bush pour commencer puis, sans doute, dans notre vieille Europe à l’automne…

À la différence de “The Rainbow Children”, de “One Nite Alone… Live !” et de “N.E.W.S” (sans parler du hors-commerce – quel dommage… – “One Nite Alone” version studio), distribués envers et contre toute logique commerciale, “Musicology” a fleuri sur les facings et les présentoirs du monde entier le 19 avril pétant – Columbia assure la distrib’, le marketing et la “promo” : nous avons affaire à des professionnels. Avec de grands renforts publicitaires en assurance (presque) tous risques ­ – 4 x 3 dans le métro ! Spots sur TF1 ! Bientôt chez Drucker ? À la Star Ac’ ?! Dans la Ferme ?!!! Et précédé qui plus est d’un réjouissant et très “black is beautiful” vidéo-clip entrevu çà et là : celui du titre éponyme, Musicology – gamin coquin (Prince en 1967 ?) en mini-star (en)chantante, danseuses sexy (mais point trop dénudées) à foison, tap dancers classieux (hommage aux Nicholas Brothers ?), Maceo Parker, Candy Dulfer, le Boss en costard, remonté comme une pendule swingroovy, et qui finit par lancer son petit mouchoir littéralement funky (tout suant de passion…) loin devant lui – c’est évidemment notre petit garçon qui le rattrape... Outre cette solide (?) armure marketing, “Musicology” paraît donc quand commence la mega-tournée évoquée plus haut, et Prince y interprète évidemment plusieurs titres extraits d’icelui : Musicology, Dear Mr. Man, Life “O” The Party…

Bref, on se croirait revenu au temps où temps-disque et tempo-tournée s’accordaient naturellement – hmm, réfléchissons bien, c’était disons… en 1992 ? “Diamonds And Pearls” vampait les foules et frustrait – déjà… – les fans, Sexy MF venait de débouler sur les radios, et Prince & son NPG tout de grooves pneumatiques faisaient imploser de joie Bercy où des écrans géants annonçaient un album « entitled »… ben, on n’arrivait pas à le prononcer ce drôle de “titre”, un symbole, un truc à la Godard, masculin féminin… On ne savait pas encore que l’année suivante Prince allait mourir – “Come” : Prince, 1958-1993, “The Gold Experience” : « Prince esta muerte »… – et que O+> allait le remplacer – dans son corps sinon dans nos cœurs… Commençait alors la longue et parfois douloureuse période où O+> allait jouer de plus en plus souvent à un drôle de jeu : le “ni ouï ni nom”… [Note du cyber-correcteur – Goaty, vous vous égarez là… Vous savez bien que vous n’avez pas encore d’éditeur pour vos “Purple Memories”…] C’est vrai, c’est vrai, vous avez raison… Où en étions-nous ? Ah oui, “Musicology”, l’album du “retour” – c’est comme ça qu’ils disent sur les publicités et dans les articles publicitaires –, largement plébiscité par nos confrères étatsuniens : l’album qui tombe à pic ? Le meilleur disque nu soul depuis “Voodoo” (D’Angelo) et… “The Rainbow Children” ? La réponse du vieux songwriter jamais rassasié aux surdoués des manipulations digitales, j’ai nommé Pharrel Williams/Chad Hugo (The Neptunes, N.e.r.d) et André 3000/Big Boi (Outkast) ? Le nième et définitif avènement du Godfather des années 2000, du Hardest Recording Man In Show Business ? Un peu tout ça à la fois, et plein d’autres choses encore…

Parce que finalement “Musicology”, 47 minutes et 51 secondes (bonne durée ça, pas le temps de s’ennuyer), douze chansons, ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air… À première ouïe, on se lâche, on fait celui qui sait tout, à qui on ne la fait plus : « “Musicology” ? On connaît ! Le “nain pourpre” [ndr - c’est fou ce qu’on peut détester les “journalistes” qui écrivent ça depuis vingt ans…] nous ressert du réchauffé ! – C’est du “commercial”, de la pop, de l’easy listening pour masses molles ! – Du prêt-à-écouter pour peine-à-(j)ouïr, du Ceprin formaté Columbia, vendu aux major companies… » Et “Musicology”, c’est même un « étron » selon un mensuel qu’on lit parfois d’une fesse distraite – et qu’on dévorait passionnément, naguère (années 70/80), quand les Garnier, Berroyer et autres Alessandrini y officiaient : il y avait alors des articles, des critiques, des reportages, on ne marchait jamais comme ça, beurk, dans des petits cacas nerveux… Les plumes étaient quelquefois trempées dans le vitriol, mais jamais dans le purin… Passons. (Nostalgie.)

Alors comme ça“Musicology” n’est vraiment pas un grand, ni même un bon, voire un mauvais, un très mauvais disque de Prince ? Chacun ses (dé)goûts. Avant, on disait qu’« un mauvais disque de Zappa valait mieux qu’un bon Rolling Stones ». On se trompait : il n’existe pas de mauvais disques de Zappa. Pas plus que de mauvais disques de Prince. Juste des « trop ceci » ou « pas assez cela ». Rien de grave. Les disques des artistes ou des groupes que l’on aime, on voudrait souvent les faire soi-même, en être le chanteur, le batteur, que sais-je, le producteur, le graphiste, le type qui bosse à l’accueil du studio B… Normal : on s’y projette si fort, dans les disques qu’on aime, qu’on s’y retrouve fatalement. Jamais indemne. Comme transformé. De l’autre côté d’un miroir fantasmagorique. Forcément frustré. Le phénomène est particulièrement sensible avec Prince. Depuis qu’il “communique” via son site, il donne la vraie-fausse impression d’être plus proche, dévoilant en exclu-mon-œil des projets souvent tués dans l’œuf – les “members” le savent bien, qui ne comptent plus les disques fantômes : “Roadhouse Garden”, “High”, etc. Ça énerve. Mais personne n’est au courant de tout ça, de ces atermoiements, de ces girouettages frénétiques, ça ne concerne qu’une cyber-élite toujours aux aguets, une poignée de fans éparpillés dans le monde – et encore, pas tout le monde : n’oubliez pas, il y a plus de prises téléphoniques à Manhattan que dans toute l’Afrique… Les autres, les fans unplugged (qui ne sont pas branchés Prince 24h/24), les gens qui aiment tranquillement Prince depuis cinq minutes ou vingt ans, ils vont être ravis, c’et sûr, ils vont adorer “Musicology”, qu’on trouve partout, tout de suite, et pour moins cher que “The Rainbow Children”…

Les disques de Prince, donc, ne sont jamais “comme on veut” : on aurait bien enlevé ça, ajouté ci, fait plus long, plus court, avec une pochette moins tarte, un sticker plus joli, un dévédé bonus… Pourtant, promis-juré, on insiste, il n’y a pas de mauvais disque de Prince. Des « dont on aurait pu se passer », certes, comme “Chaos And Disorder” ou même “Rave Un2 The Joy Fantastic” (on aurait préféré les avoir en bootleg ceux-là, frimer avec Dinner With Delores ou Prettyman, ç’aurait été plus excitant, non ?), des qu’on jurerait « à ch… » mais qu’on adorera, comme tout le monde, en 2014 (“New Power Soul”). On répète : des malades, des inachevés, mal fagotés, séquencés à la hussarde, manquant cruellement de “regards” et d’avis extérieurs (à quand Prince produit par… quelqu’un d’autre que Prince ?), monochromes, en retard, mal nés, mal vendus… Mais jamais de complètement mauvais. C’est la force de Prince, celle des grands créateurs : les chefs-d’œuvre qui ponctuent leur discographie jettent une lumière protectrice – et souvent très intéressante – sur les disques dits “mineurs”. Quand on prend soin de resituer chaque disque de Prince dans son contexte, on y trouve toujours quelque chose de notable, d’attachant, de troublant – oui, oui, d’irritant aussi, de désolant même si vous voulez, allez, allez… On se calme !

Prenez “Musicology”, par exemple, c’est un très bon disque de Prince. Qui transcende la banalité mainstream en flirtrant pluriel avec tous les genres, ou plutôt tous les styles susceptibles de l’irriguer, à l’exception du hip hop, dont il semble, pour l’instant, avoir fait son deuil : pop légère, deep soul, funk baston, r’n’b vicieux, rock pompier, jazz en pastilles, etc., etc. [Réalise-t-on, parfois, que Prince a publié son premier disque en 1978 ? Vingt-six ans de métier, des dizaines d’albums, des centaines de morceaux, des milliers de concerts, ça pourrait user, tuer même… Non. Il est là. Obsessionnel. Déterminé. Sérieux comme un pape, funky comme un diable : « Tel qu’en lui-même l’éternité ne le change pas ».] Il y a, dans “Musicology”, au moins deux très grands morceaux signés Prince : Call My Name – ou serait-ce On The Couch ? – et Dear Mr. Man.

Qui, dans un passé récent et après vingt-six ans d’hypervie musicienne, a continué d’enquiller disques dignes et, parfois, instant classics ? (Attention, on ne parle pas de tubes, mais d’albums ou de chansons qui devraient “rester”…) Duke Ellington ? Certes, mais Duke est incomparable, comme Bob Dylan, Neil Young, Joni Mitchell, Picasso, Jacques Tati, Louis-Ferdinand Céline et Charlie Chaplin, liste non-close. Miles Davis ? Hmm, voyons : “Birth Of The Cool” – son “1999” à lui : révolutionnaire et modèle-étalon pour tant d’autres suiveurs –, c’était en 1949. 49 + 26 = 75. 1975 ? “Agharta”, “Pangea”, coups de trique wha wha dans sa jungle é(c)lect(r)ique post-hendrixienne. Énorme. Deux minutes après : cinq ans de retraite avec plein d’aiguilles plantées dans le bras, retour-miracle en 1981, popstarisation méritée, ultime révérence dix ans plus tard, sans avoir changé grand-chose, sinon réouvert les vannes : Miles décoinçait les autres musiciens, surtout les jazzmen – regardez, depuis qu’il est mort on s’ennuie un peu, non ? (« Miles, ce n’est pas toi qui est mort, c’est moi » disait le poète).

La règle du “+ 26” est terrible ! Elle fait mal, même aux génies incontestables/incontestés encore parmi nous – James Brown, Bob Dylan ou Sly Stone en savent quelque chose. Certes, Prince n’a rien produit de “génial” depuis belle lulu. Son dernier disque inoubliable, “Lovesexy” (1988) ? “The Gold Experience” (1995) ? Sa dernière chanson inoxydable, The Most Beautiful Girl In The World (1994) ? N’empêche, depuis : beaucoup de disques qui ont tourné en boucle, des dizaines et des dizaines de morceaux qu’on a aimé aimer, des concerts où l’on a vibré… (Sur scène, Prince est le plus grand, the ultimate performer, point barre.) Prince a besoin de vous : qui d’autre pour goûter sa musique ? (Et acheter on line ou in store ses disques, ses T-shirts, ses pendentifs, ses mugs, ses guitares, ses gabardines pour toutous…) Il a dit « quand je veux écouter de la nouvelle musique, je vais en faire ». Un conseil : enregistrez un peu moins Monsieur Prince, faites le tri dans vos archives – on peut vous aider si vous voulez – pour que n’y dorment pas éternellement les mille et une merveilles inédites – si, si, vous voyez très bien ce que je veux dire : Electric Intercourse, Moonbeam Levels, All My Dreams… Réenregistrez-les si vous voulez ! Avec Wendy et Lisa ? Oui ! Et, surtout, respirez UN GRAND BOL D’ÈRE, c’est bon pour l’inspiration.

Allez, fin de l’interminable introduction. Mais avant de nous quitter, petite visite très subjectivement guidée dans “Musicology”, précédée de quelques réflexions liminaires et strictement discographiques…

Dimanche 25 avril 2004 : on se surprend à écouter “Musicology” plus souvent qu’on ne l’aurait cru le jour où il a commencé de squatter le Discman™ et la platine maison – sans parler de celle du bureau... (Déjà, quand il était disquaire à la minuscule et malheureusement défunte Fnac Étoile, avenue de Wagram, Paris, votre serviteur (se) passait au moins une fois par jour un disque de Prince : c’étaient les années 86-89, pas les plus mauvaises de notre artiste favori, non ? Aah, quand le maxi 45-tours de Sign Of The Times est arrivé… Aah, quand les deux Madhouse ont paru, quel mystère, quelles pochettes ! Aah, quand une vieille amie m’a téléphoné pour me dire qu’il jouait au New Morning, et que les places étaient forcément en vente au rez-de-chaussé du magasin – elle avait raison ! Bouuh, quand le représentant WEA nous a annoncé que l’album sans titre avec la pochette toute noire était finalement annulé… Mais « aah ! » de nouveau quand il nous a apporté une cassette sur laquelle était copié le morceau Alphabet St… « Aaaaah, argh, uuuuuh, ouaaaaah ! », enfin, quand Prince himself est passé au magasin, à peine plus de cinq minutes, l’air de rien, timide, petit manteau gris, maquillage léger, accompagné de son bodyguard – « Could you sign us an autograph, pleeeaaase ? We love your music… – No, sorry, a-t-il répondu en souriant gentiment, I just can’t… » –, il s’est évaporé aussi vite qu’il était apparu…) [Note du cyber-correcteur – Goaty ! Ça recommence ! Vous partez en vrille nostalgique ! Ce n’est pas parce que l’on est sur Internet qu’il faut forcément s’étaler ! Revenez à vos moutons !] Oui, oui, vous avez tout à fait raison, je perd le fil… Désolé. Heu… “Musicology” donc, hé bien on s’étonne – et l’on est ravi de s’étonner ! – des ressources, de la profondeur de chant de ce disque finalement attachant, consistant et, surtout, classiquement princier – c’est à dire, faut-il le rappeler, unique en son genre, ou plutôt en ses genres. On nous a rapporté – quelque part entre le Square Vermenouze (L.) et la rue Linné (S.) – que les franges les plus radicales de la fanattitude pourpre rougiraient passablement de colère : atrocement déçues, diablement irritées, terriblement désappointées, incroyablement frustrées par ce disque commercial et tout et tout… C’est étonnnnnant : pourquoi tant de n ? Faut-il à chaque fois, dorénavant, rappeler la règle des “+ 26” ? Insister sur le fait que :

– Nous avons beaucoup de chance, en ces temps staracadénuisants où l’industrie “musicale” produit à la chaîne des “artistes” Kleenex, de pouvoir encore ne serait-ce que profiter d’un musicien comme Prince ;

– Nous pouvons encore aller régulièrement l’ouïr live et repartir, la plupart du temps, enthousiastes et conquis, sans parler des disques, dont l’annonce même provoque une excitation aux quatre coins du globe…

Cela dit, non, bien sûr, “Musicology” n’est pas le nouveau “Purple Rain” ni un “Sign Of The Times” bis. “Musicology” ne redéfinit pas les règles de la mise en sons pop comme, naguère, l’avaient fait ces albums-clé. Non, non, “Musicology” ne changera pas d’un iota ce que l’on pense de Prince, pas plus qu’il ne s’écoulera par millions d’unités dans le monde… Oui, c’est vrai, “Musicology” est un album un brin rétro, globalement nostalgique, un bon vieux 33-tours rayé déguisé en cd, qui sentirait un peu la naphtaline… Oui, “Musicology” est un disque où Prince déroule une fois de plus son inaltérable savoir-faire. Se répète-t-il, radote-t-il même ? Ça se discute. Mais “Musicology” est incontestablement un disque bien conçu, varié, frais, DIGNE. Et, comme nous faisait remarquer l’autre jour Luc L., « il y a des chansons que beaucoup rêveraient de composer, c’est une certitude et c’est certainement pourquoi le titre est bien choisi ». On ne connaît pas d’autres “+ 26” qui ont encore l’envie et la force de continuer ainsi à se remettre en jeu comme si c’était chaque fois la première fois. Qu’est-ce qui peut bien pousser Prince à publier encore un nouveau disque en 2004 ? Le débat est ouvert – même si lui seul a les vraies réponses… La nôtre, depuis des lustres, c’est de lui dire « oui » : oui pour un nouveau disque, oui pour un nouveau site, oui oui oui pour une nouvelle tournée… Et même si ceux qui disent « non » forment aujourd’hui un cercle de moins en moins fermé, les « oui » sont toujours nombreux – la fan base de Prince est l’une des plus impressionnantes de la sphère pop – et répondent, à leur(s) manière(s), au flux stressant de l’hypercréativité princière.

Musicology

Ce morceau soulève l’une des interrogations récurrentes des fans de Prince : sachant que notre homme a toujours dans ses tiroirs la matière de plusieurs albums d’avance (1 ? 5 ? 10 ?), Musicology y dort-il depuis longtemps, dans ces mystérieux tiroirs soniques, ou est-ce une création récente, à peine plus vieille d’un an – 2003, quand en a été tourné le clip ? On penchera pour la deuxième hypothèse, même si la tonalité générale de cette sympathique bombinette funk auto-proclamée/assumée old school renvoie à l’âge d’or, la deuxième moitié des années 60, celle où Sly Stone et James Brown, entre autres, régnaient artistiquement. Musicology semble d’ailleurs fraîchement extraite du moule Get Up I Feel Like Being A Sex Machine (version Brown donc) – ou bien est-ce celui de The Work Pt. 1 ? – , reposant sur un groove chirurgicalement syncopé, sans véritable refrain – sans vrai hook, sans rien pour accrocher diront les plus sceptiques… – mais goulûment bombardée, à la fin, de flashbacks soniques tout droit surgis de ces années où l’on parlait de Minneapolis Sound… Double, voire triple effet rétro donc : années 60, 70 et 80 réunies dans l’espoir, de taille, de ne pas faire danser idiot. C’est réussi. Au passage, on remarquera que les crédits indiquent « All instruments and voices by PRINCE ». Chant, chœurs, guitare, claviers, basse, batterie : on veut bien, on sait bien, plus rien ne nous étonne. Mais qui, alors, souffle anches et cuivres ? Pourquoi ces mystères concernant le personnel exact ?

Illusion, Coma, Pimp & Circumstance

Dommage que ce morceau arrive si vite : ce n’est pas, et de loin, le plus excitant. Sentiment de déjà-ouï : Sex, Undisputed… Ce morceau au tempo-pataud aurait fait une honorable face b de 45-tours – ou un non album track de cd-single –, mais ni l’un ni l’autre de ces formats (mon premier disparu, mon deuxième ignoré par Prince) ne tournent aujourd’hui “en orbite” autour des albums de Prince. Dommage. Alors, « Now dance !? » Pas sûr… Malgré ces guitares ramenardes qui balancent ostentatoirement…

A Million Days

L’intro mélodramatique (synthé bleu nuit, guitare ligne claire/guitare saturée, tempo heartbeat…) de cette friandise pop pourrait tout aussi bien figurer au répertoire de Journey ! Elle est, en tout cas, extraite d’un moule sonore de modèle déposé : celui qui a déjà servi pour Dolphin, Gold ou So Far, So Please… On a le droit de trouver ça mièvre et vain et de refuser d’allumer son briquet... On peut aussi se laisser piéger, ça dure à peine quatre minutes, ça flatte nos cordes sensibles, pas de honte à ça.

Life ‘O’ The Party

Même “famille” que Illusion, Coma, Pimp & Circumstance : c’est lourd et léger à la fois, distrayant, un peu frime, pas très fin, un peu forcé, mais finalement accrocheur, heavy funk oblige… On a cependant peur que ce morceau rejoigne ses grands frères, cousins, jumeaux et autres clones au grenier des illusions perdues et que sur lui s’accumule assez vite la poussière du temps qui passe – peu probable que le NPG grouve là-dessus plus d’une saison…

Call My Name

Attention : petite merveille de suavité sépia. Certes composée en 1973 – c’est bien cette année-là qu’Al Green l’a chantée, non ? [On plaisante…] –, Call My Name fait partie de ces ballades princières nappées de strings samples signés Clare Fisher (Prince en a décidément des mètres en réserve) et bordées de chœurs croustillants à souhait. Famille ? Dark, Adore… On mesure, ici, la différence entre une vraie chanson et un (brillant) exercice de style du type How Does It Feel – D’Angelo, “Voodoo”, 2000. (Attention : on aime beaucoup D’Angelo et encore plus celui qui a composé How Does…, Raphael Saadiq.)

Cinnamon Girl

Rythmique sèche, comme désossée, sans artifices. En apparence, bonbon pop un peu trop acidulé. (Couplet calqué sur Holy River, titre piqué à Neil Young – “Everybody Knows This Is Nowhere”, 1969) Lisez les paroles, remplacez « Babylon » par Bagdad, regardez bien la photo à gauche du texte dans le livret et vous obtenez une protest pop song qui renvoie, in fine, à Ronnie Talk To Russia. Ah ! Si cette chanson pouvait flirter avec les sommets des hit parades étatsuniens à la rentrée prochaine, au moment où, a priori (on l’espère !), la majeure partie des Américains vont se débarrasser de George… [Special thanks 2 LL 4 directions in thinking & inspiration.]

What Do U Want Me 2 Do ?

Celle-là, les “members” la connaissent depuis que, pour se faire “pardonner” de la non-publication “solide” du coffret “The Chocolate Invasion” fin 2003, Prince l’a jeté en cyberpâture sur son site… La première fois qu’on l’a entendue, elle nous a gentiment titillé le nerf auditif, mais, comme souvent ces derniers temps, on l’a classée dans la catégorie “breakfast song” : des comme ça, Prince s’en tartine une par jour… Aujourd’hui, là voilà qui resurgit, lovée au beau milieu d’un vrai disque, et l’on réalise que What Do U Want Me 2 Do ? est un joli petit bibelot princier, avec un séduisant refrain, un pont enivrant et une base rythmique “à la Dorothy Parker” – un peu instable, (é)mouvante, inventive quoi.

The Marrying Kind/If Eye Was The Man In Ur Life

Impossible de séparer ces chansons siamoises et pas très sensuelles où Prince joue (?) au quadragénaire travaillé par les angoisses conjugales – pas forcément les siennes… – et adultérines. D’inspiration rock (guitare nerveuses, claviers bouillonnants, tempi sautillants), elles sont aussi accrocheuses qu’irritantes – la mise en sons, un peu clinquante, renvoie aux moments les moins mémorables des années 90… –, et risquent donc de donner du grain à moudre aux détracteurs professionnels/obsessionnels… À noter, tout de même, la coda très jazzy-zappaïenne de If Eye…, perversement et bien trop lestement “fadée”. Grrr…

On The Couch

Associée aux deux précédentes, On The Couch forme une manière de trilogie amoureuse. Ultra-classique ballade sur canapé (même famille mélodique et harmonique que Slow Love ou, une fois encore, Dark), énième confession érotique d’un Prince miaulant ses peines de corps et de cœur à quelque créature de rêve – Manuela Testolini sans doute…

Dear Mr. Man

Incontestablement le sommet de “Musicology”. Nouvelle protest song au message clair et puissant. La Bible (évangile selon Saint-Mathieu) vs. la constitution, et plus précisément son 14e amendement – extrait : « No state shall deprive any person of life, liberty or property without due process of law ». Prince, en colère, n’appelle même plus ses concitoyens à voter… (Frank Zappa ne va pas être content.) Musicalement, Dear Mr. Man a tout de la simplicité et de l’évidence des grandes classiques pourpres, et prétendre qu’elle ressemble à du D’Angelo relève du contresens absolu ! Family Affair de Sly Stone ? Hmm, pourquoi pas… (Là encore, mystère côté crédits : il nous semble bien entendre à nouveau des strings samples de Clare Fisher, mais son n’est pas indiqué, pas plus que celui du saxophoniste alto qui choruse vers la fin : Maceo ? Candy ? En revanche, quel luxe, Sheila E. aux shakers ! )

Reflection

Une “vieille” chanson de Prince qui date de début 2003, lointaine époque s’il en est – si bien sûr l’on mesure le temps qui passe à l’aune du Paisley Park Official Time… Pas bouleversante mais, une fois encore, très attachante, joliment nostalgique et presque intimement autobiographique, mine de rien. Et l’on sait aussi, maintenant, qu’interprétée live en duo avec Wendy Melvoin, elle révèle toutes ses saveurs jonimitchelliennes… Quoiqu’il en soit, belle conclusion, toute en douceurs et en demi-teintes (art subtil).

Voilà. Rendez-vous en novembre pour le compte-rendu des concerts à Bercy ! En attendant, n’hésitez pas à réagir : imailez vos réactions à Remix Tangentiel
ben -- "the prince.org guy"
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Reply #2 posted 04/29/04 4:02am

Aerogram

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It took me the better part of an hour to read that one. Frédéric is arguably the biggest Prince fan who happens to be a critic in the whole wide world. He's not too impressed with Musicology -- this is kind of a three stars review, if not two and a half. And it's alright... Remember that he creamed his pantalons over Xpectation and N.E.W.S, I personally believe he immersed himself too deeply into Prince's jazz side to have a decent chance of appreciating something like Musicology. Let's talk in six months or so -- maybe even six weeks -- because my reaction was similar to his and Prince albums don't grow on me for no reason at all.
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Reply #3 posted 04/29/04 5:29am

jizzinparis

Yeah, really really great job by a critic/fan. By the way, the most part of the article is closer than a revival session about his brillant and outstanding career than a review, even if there is a song by song review. Our "crossoverman" is oubviously and definately in Frédéric's heart. Peace.
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